mercredi 8 mars 2017

Intérêts des espaces intertidaux pour la Gorgebleue à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum) en période de mue post-nuptiale


Chez les oiseaux, le renouvellement du plumage (mue) est un phénomène pouvant entraîner une dépense métabolique conséquente. L’étude du déroulement de ce phénomène (périodes, durées, habitats et ressources trophiques exploités par les individus) peut être un élément clef pour la conservation de certaines espèces en mauvais état de conservation ou méritant une vigilance accrue. Un travail sur la Gorgebleue à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum, sous-espèce endémique des espaces du littoral Manche-Atlantique) vient de révéler les avantages particuliers dont peuvent bénéficier les individus en effectuant leur mue post-nuptiale sur les zones humides soumises au balancement des marées. Dans le cadre de ce programme, le suivi par radio-pistage de 16 individus sur deux ans a permis de montrer qu’en se maintenant sur les estrans pendant leur mue, les oiseaux peuvent limiter leurs déplacements et exploiter de petites surfaces : 0,42 à 1,34 hectares, typiques d’espaces où les ressources trophiques sont abondantes et prédictibles. L’analyse des restes chitineux, contenus dans les fientes des oiseaux prélevées lors des captures, a révélé que les individus en mue tendent à consommer un grand nombre d’amphipodes : petits crustacés marins, en particulier utilisés en pisciculture pour favoriser la croissance rapide de certaines espèces de poissons. Enfin, le suivi de la masse des individus du début à la fin de la période de renouvellement du plumage a montré qu’en muant sur les zones humides intertidales, les oiseaux parviennent à conserver en fin de période de mue une masse équivalente à celle mesurée avant le début du phénomène, comme chez des individus de la sous-espèce svecica dont la mue à été étudiée en captivité, avec des ressources alimentaires illimitées. Cette étude conforte différents travaux relatifs à l’importance des estrans pour la communauté des passereaux paludicoles, en particulier soulignée pour des espèces telles que le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) qui exploite en grand nombre les espaces littoraux au cours de sa migration post-nuptiale. Ces différents travaux mettent en lumière la vigilance qu’il convient d’adopter pour la conservation des fonctionnalités écologiques des zones humides intertidales, en particulier dans le contexte d’élévation du niveau marin et des perturbations des régimes hydro-sédimentaires actuellement constatées sur de nombreux espaces littoraux.

Illustration : Gorgebleue à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum). Mâle adulte en plumage nuptiale (gauche) et aile d’un individu en mue active des rémiges lors de la période post-nuptiale (droite).
© BioSphère Environnement.


Pour en savoir plus :



Lien de consultation et de téléchargement de l’article :
http://espacesite.pagesperso-orange.fr/raphael-musseau/musseau_et_al_ardeola_2017.pdf

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